À l’ouest, rien de nouveau

Chère maman

Après une période fébrile en activités, il se passe plusieurs semaines sans rien de nouveau.

En effet, après avoir été enrôlé dans l’armée des Poilus, nous avons eu à faire face à beaucoup de mouvement de troupes vampiriques, de tirs d’artillerie incessants khemris, des tireurs d’élite chaotiques et de succulents cuisses de grenouille. On dirait qu’à chaque semaine, il se passait quelque chose d’épouvantable.

Mais depuis la noël, plus rien. Les canons adverses se sont tues. Les tranchées ennemies sont tranquilles. Il y a même des fleurs qui ont poussé sur le cadavre de notre premier troll dans le no man’s land. Les gars et moi, on se regarde et on se demande, quand la prochaine attaque va survenir ? Nos blitzers sont en pleines formes. Nos orques noirs sont toujours aussi amochés mais leurs regards ludiques nous démontrent qu’ils sont prêts à en découdre. Notre gobelin nous fait tous peur ; il regarde au loin en marmonnant quelque chose d’intelligible. Il y a quelque chose de sadique en lui. Avant chaque nuit, nous avons ordre de l’attacher et de lui mettre un masque anti-morsure. Pour l’instant, il se laisse faire sans mot dire.

Dans les bonnes nouvelles, nous avons notre nouveau tank-troll qui fonctionne à faire rêver. Nous avons eu la visite d’un escadron d’outardes qui devait émigrer vers le sud et elles ont fait une pause de leur vol sur notre tranchée. Elles étaient magnifiques à voir et elles ont été forts délicieuses. Ça nous a changé des rats et des grenouilles. Notre coach semble aussi de bonne humeur. Il n’a fait que deux tentatives de suicide depuis le nouvel an. Une nette amélioration de son attitude.

Il va aussi y avoir un repêchage. Du sang neuf fera du bien. Peut-être que l’un d’entre eux va me remplacer comme mascotte officiel de la troupe. À ce sujet, prière de continuer de m’envoyer de vos tampons, chère maman.

Je t’aime,

Frak Bourgie