« À la fin de novembre, je serai un héros ou un martyr »
Tout dépendant de vos allégeances, Renard Futé est soit un joueur extrêmement intelligent, talentueux et spectaculaire, ou un psychopathe qui dérouille sauvagement de pauvres âmes tout en réussissant beaucoup trop de touchés. Dernièrement, le bureau des gouverneurs a mis sa tête à prix pour la somme de 20 000$. Interview avec un elfe traqué.
Renard parle un peu de langue commune, mais il préfère s’exprimer en elfe, ce qu’il fait avec éloquence. Contrairement au joueur de blood bowl moyen, il a un esprit intellectuel. Il s’enflamme lorsque je lui parle des deux prochains mois durant lesquels sa tête est mise à prix.
« Quand tu es talentueux, tu te butes brutalement à l’esprit des gens. Ça soulève de l’envie. Tes adversaires se disent: mais pour qui se prend-il ? Ce sentiment d’envie leur permet de s’approprier le privilège de te marcher dessus. Et du jour au lendemain, ta tête est mise à prix. Mais ils ne réussiront jamais à m’éliminer puisqu’à la fin de novembre, je serai soit un héros elfe ou un martyr »
Est-ce qu’il ressent de la rancune ou de l’hostilité ?
« Tu peux être certain que j’ai de l’animosité envers toutes les autres races de notre sport. Mais ceci renforce mon désir de lutter pour ma race. Cette persécution envers les elfes n’est pas nouvelle pour nous. Même si la lutte est souvent inégale et que, faute de moyens, nous faisons sans cesse appel à des journaliers pour combler nos effectifs amochés, nous trouvons toujours le moyen de vaincre. »
Mais ne l’a-t-il pas un peu cherché ?
« Est-ce que j’ai bien ou mal fait ? Dans mon sport, je ne place jamais les événements selon une perspective morale… je ne soulève jamais la question du bien ou du mal… Le coach me demande de faire un travail. Par conséquent, je ne lui demande pas si c’est moral ou immoral, mon travail est de faire ce qu’il me dit et ce que les fans attendent de moi. »
Et la peur dans tout ça ?
« Ma plus grande crainte est d’être analysé. As-tu déjà été analysé ? Ça détruit les impulsions créatives nécessaires à une bonne performance. Une personne sensible a tendance à tirer beaucoup plus de choses d’une analyse qu’un être normal. Les personnes sensibles sont tellement vulnérables; le plus sensible tu es, le plus susceptible tu es d’être brutalisé et de développer des cicatrices. »
Et la peur d’y laisser sa peau ?
« De tout le règne animal, nous sommes les seuls êtres à savoir que nous allons mourir… et malgré tout, nous continuons à mener notre vie comme si nous avions l’éternité. Et nous tendons à oublier que la vie ne peut être définie que dans l’instant présent. Elle est, mais seulement maintenant. Avoir sa tête mise à prix ne change rien. L’instant présent est tellement vif que, d’une certaine manière, je suis très serein. Je suis en vie. »